mardi 19 mars 2013

[Poème] L'ami dans la fumée


 L'ami dans la fumée


 Même dans la fumée j'y vois moins clair,
Depuis sa cage, il me parle, l'ami n'est triste,
Que si le silence se fait, résiste,
Dresse toi de métal et que tombe l'éclair.

Mes mains trempés de tes doutes de sang,
Plafonds enfumés, tapis de cendres,
Si tu montes en enfer, j'y vais descendre,
Sur ton front perlent des gouttes de temps,

Dégoûté d'attendre, tu décris l'instant,
Erre, à ne plus savoir que faire,
Taire, même à tes frères de fer,
Que l'amour demeure à jamais inconstant.

Je te vois t'enfuir, tu m'y vois tenir,
Taire, depuis, mes douleurs d'hier,
Empoigner tes mots, t'aider me rend fier,
Et la fumée suspend, nos futurs souvenirs.


lundi 11 mars 2013

[Poème] Emmène-moi à la mer




Emmène-moi à la mer


Emmène-moi à la mer, tu vois j'en ai besoin,
Et que cognent les vagues au-delà des embruns,
Mes émois de jeunesse se noient, je les rejoins,
De l'eau dans les poumons et sifflerait le drain.

Puis le calme s'infiltre, j'irai toucher le fond,
Pour empoigner le sable, je laisserais venir,
Engloutis sous les eaux, les songes de siphon,
Je sens venir la paix et fuir les souvenirs,

Et quelle plénitude de ne plus vous entendre,
Quelque échos au loin sans doute sont-ce des pierres,
Quand au-dessus des eaux, les cieux se font attendre,
Docile l'esprit s'éteint, j'étais en feu hier.

Bercé je m'engourdis en me laissant porter,
Ici les algues dansent au rythme du silence,
La clameur s'est ternie, j'en suis reconforté,
Si ceci s'éternise, je me ferai violence,

Emmène-moi à la mer, tu vois j'en ai besoin
Mais tiens-moi par la main, retiens les eaux fébriles,
Nos émois de jeunesses se soient, je serre les poings,
Les vagues viennent frapper les mémoires immobiles.

jeudi 7 mars 2013

[Poème] Quand le soleil s'éveille


Quand le soleil s'éveille



Des parcelles d'espoirs bleutés percent les nuages,

Depuis la vitre quelques rayons viennent caresser les draps,

Des murs blancs, certes, cela ne l'aidera,

Bain de lumière, des songes dans son sillage,



De l'absence reviennent les choses d'hier,

Fier de ne pas fermer les yeux,

Allongé sur le dos sous la lumière entière,

Prière de ne pas baisser les cieux,



Laissons ces sales supplices, du sommeil sur les lèvres,

Car si ce monde est lisse j'en connais bien la sève,

Ivre de jeunesse, tombant parmi les rêves,

Réveil brutal succède à un sommeil sans trêve,



Quand sa joue sur mon torse les connections s'effritent,

Réalité s'efface, je m'étais endormi,

Si son visage persiste, s'il lui était permis,

Quand le soleil s'éveille il disparaît bien vite.

lundi 11 février 2013

(Cinéma) Deux "Slashers" cultes à voir absolument!





 "Vous savez, je pense que j'ai fait ce métier, et je le dit avec la plus grande sincérité, uniquement parce que plus jeune j'adorais découper violemment des trucs"

Mon boucher.



Bienvenue mes sœurs, frères, ennemis, amis et oiseaux de passage sur ce blog qui tend à vous faire découvrir des trucs. Des trucs qui me semblent importants et que vous auriez parfaitement pu louper, noyé-e-s que vous êtes dans la masse d'informations bien souvent dispensables que le monde actuel nous/vous propose.

Il est probable qu'un jour je sois un écrivain reconnu, un musicien de talent ou même un réalisateur plébiscité par ses pairs et adulé de la plèbe.
En vue de ce futur succès où j'en aurais probablement plus rien à foutre d'écrire des conneries sur un blog (dusse-t-il être intéressant comme le mien) je vous recommande fortement de conserver certains de ces articles sous le coude, pour pouvoir les vendre quand ma plume aura de la valeur (vous êtes priés de corriger les fautes avant, je ne voudrais pas passer pour ce que je suis à savoir une merde en orthographe).

D'ailleurs j'ai même une requête, adressée aux plus jeunes de mes lecteurs (oui vous là, dans le fond!).
Est-ce que vous pourriez un jour entreprendre tous ensemble dans un authentique élan de projet merveilleux de réunir mes œuvres et d'écrire un super bouquin si (et je vous le souhaite) je meurs avant vous? Un truc à laisser derrière, un genre de témoignage de notre ère, de notre "génération", et surtout une compilation de bêtises assumées qui fera bien rire nos descendants.

En ce but avoué, je ferai bientôt un article sur mes œuvres musicales pour celles et ceux qui n'ont pas encore écouté mes deux derniers albums (je vous dispense de fouiller à la recherche du premier, il est introuvable).

Mais pour l'heure, parlons un peu de Cinéma.




J'ai vu il y a peu deux films que je vais vous recommander pour des raisons différentes. Il s'agit du remake de Maniac par Frank Khalfoun (produit et scénarisé par le génial Alexandre Aja bon sang que j'aime ce type) et de la pépite italienne Bloody Bird qui nous fut offerte par Michele Soavi (à qui l'on doit aussi Dellamorte Dellamore, un film de zombie complètement fou).


He's a Maniaaac, Maniaaaac on the streets!


"...And he cut..." Ah! Zut! Je m'étais promis de ne rien spoiler, damn.
Et bien du coup, maintenant que le mal est fait, parlons un peu de ce film qui n'est d'ailleurs pas un slasher à proprement parler (le héros n'est pas masqué).

En 1980, William Lustig surprend avec son "Maniac" d'origine (plus tard il récidivera avec sa trilogie "Maniac Cop" , vous avez dit Monomaniaque?) qui balançait à la face du monde (le film sera quand même interdit deux ans en France) un produit tellement violent qu'il fut qualifié de "pornographique".
 edit: après visionnage du film, je pense qu'il s'agit d'une œuvre surestimée, je n'ai pas été séduit par la performance de Joe Spinell ni par la direction artistique, seule la séquence finale est digne d’intérêt ainsi qu'un passage dans des toilettes publiques qui sera repris plus tard (en mieux) par Alexandre Aja dans le brillant Haute-Tension.

Nous sommes vingt ans avant le sous-genre du Torture-Porn ( démocratisé par les sagas Saw et Hostel, entre autre) et du coup le public n'était pas encore tout à fait prêt à recevoir ce genre de produit, et c'était d'autant plus appréciable (imaginez un peu les gens qui ont vu la scène du ChestBurster de Alien le huitième passager la première fois au cinéma!).

Mais ce qui trouvait une résonance dans son jusqu'au-boutisme à l'époque ne paraît-il pas obsolète aujourd'hui? Quel est l'intérêt d'une relecture d'un film comme Maniac? BIM! Tentative de réponse à cette problématique en trois points.


1) La Forme

En optant pour une vision subjective durant la quasi-totalité du film, le trio Aja-Kalfoun-Levasseur versait dans le parti pris casse-gueule à souhait de tenir le film sans que cela soit trop vomitif-lassant-chiant: cela relevait de l'exploit.
Pari gagné! Le tout fonctionne et l'on suit en retenant son souffle les errances d'un Elijah Wood au top de sa forme (on sait depuis Sin City que notre hobbit favori est capable de jouer de bons gros psychopathes ; il le confirme à nouveau ici).

En s'amusant avec les reflets bien sûr, mais aussi avec le son (les halètements du tueur et les sons stridents provoqués par ses maux de tête) le concept parvient à se renouveler tout au long du film et apporte bel et bien la dimension immersive désirée. Il nous plonge de surcroît dans un voyeurisme gourmand et quasi-cathartique tant on prend plaisir à découper ces pauvres femmes en détresse qui n'ont rien fait pour mériter ça (à part être trop connes mais dans le monde d'aujourd'hui il paraît qu'il faut apprendre à pardonner à la bêtise).


"Pardon? Mon maquillage coule?"


Car oui, dans la forme et à la manière d'un livre dont on est le héros, Maniac est bien une expérience vécue par le spectateur qui devient lui-même le tueur, et rien que pour ça, ce film est franchement exceptionnel.

2) La Bande-originale

 J'ai souvent coutume de dire qu'une bonne musique peut partiellement sauver un film.
Maniac n'a nullement besoin d'être sauvé, mais le fait que Rob propose une BO d'une telle qualité est un plus non-négligeable (je vous recommande d'ailleurs vivement de l'écouter, même si vous ne comptez pas voir le film, auquel cas la lecture de cet article doit vous paraître bien chiante).

Drivisante à souhait (ce néologisme, vous l'aurez bien compris, fait référence à la BO du film de Nicolas Winding Refn dont le morceau de Kavinsky s'est d'ailleurs échappé pour être récupéré un peu partout et c'est bien triste) la bande-originale de Maniac surprend.

D'abord, opter pour d'oniriques ballades électroniques teintées d'ambiance 80's dans un film d'une telle violence était un choix particulier tant on à l'habitude dans le genre d'entendre plutôt d'agressifs instruments à cordes illustrant la tension de l'action.



Notre "Maniac" et ses copines



Mais du coup, entre les différentes séquences de meurtres, le film en devient magnifiquement contemplatif à la manière de sa séquence d'introduction, qui résume l'oeuvre à elle seule, mettant en scène son personnage en voiture (Qui a re-dit Drive?) qui suit sa cible en s'adressant à elle sans que celle-ci ne l'entende puisqu'elle marche sur le trottoir.

Autant vous le dire de suite, je ne suis pas sûr de réentendre cette année quelque chose d'aussi bon dans un film.

3) Le fond

Maniac nous parle d'un tueur œdipien qui a un vrai problème avec la gente féminine.
Il est louable de vouloir donner un peu de densité au personnage en évoquant ceci mais en réalité, on s'en fiche un peu, les tentatives d'éclaircissement à ce sujet restant terriblement en surface.
Et quand il s'agit de fond, rester en surface semble un peu paradoxal, le film ne gagne que très peu à distiller des informations sur la mère du personnage (c'est d'ailleurs un vrai problème dans le cinéma fantastique par moment que ces informations inutiles dont on se passerait bien).



"Avec ce point sur le front, en inde, tu es mariée!"



En revanche, la relation qui s'installe entre les deux héros (Elijah Wood et Nora Arnezeder) se laisse suivre sans déplaisir, elle apporte même quelque chose au squelette du long-métrage, rend ce dernier plus solide et ajoute une dimension tragique bienvenue alors que l'on marche vers l'inéluctable issue.

Mais pour autant, ce n'est vraiment pas pour l'histoire qu'il faut voir ce film mais bien pour l’expérience esthétique proposée qui marque clairement ce début d'année, Maniac est donc l'un des deux Slashers que je vous recommande vivement! Mais qu'en est-il du second?

Etre un tueur, c'est chouette!

   


Revenons ving-cinq ans en arrière.

Moins connus que l'illustre Dario Argento (Suspiria, Inferno...) Michele Soavi est pourtant un cinéaste important du cinéma de genre italien qui à d'ailleurs collaboré avec le père d'Asia à plusieurs reprises.

On lui doit notamment Dellamorte Dellamore qui proposait à l'époque une vision toute différente du mythe du Zombie ou encore Arrivederci Amore, Ciao un film plus récent que je n'ai pas vu mais je me souviens que la bande-annonce m'avait marqué.

Le film du réalisateur qui nous intéresse aujourd'hui n'est ni plus ni moins que l'un des meilleurs Slashers que le cinéma nous ai offert. Pourquoi? Et si à la manière de la rubrique précédente je vous l’expliquais en trois points?


1) Le Cadre

La Jaquette Italienne
Bloody Bird (ou Deliria dans sa version originale) se passe presque intégralement dans un théâtre (!) avec tout ce qui fait la mythologie d'un lieu comme ce dernier; planches, coulisses, dessous de scènes et cordages à n'en plus finir instaurent immédiatement une ambiance particulière et une mise en abyme de mise en scène dans la mise en scène particulièrement bienvenue.
D'ailleurs, le réalisateur s'en amuse beaucoup puisque l'introduction du film n'est autre qu'une séquence magnifique où les comédiens répètent une scène d'une comédie musicale où le héros n'est autre... qu'Irwin Wallace, l'homme au masque de chouette qui viendra les trucider plus tard! Ironie dramatique quand tu nous tiens...
Les plus perspicaces d'entre vous n'auront pas manqué de remarquer que le prénom du psychopathe ne fait pas très italien et pour cause, le film est tourné avec des acteurs américains pour la plupart et en anglais de surcroit, le doublage italien s'effectuant en post-prod comme se fut le cas pour d'autres films à l'époque.




LA séquence culte du film, le tableau est magnifique non?



Le lieu vide existe, séduit, particulièrement lorsque les séquences se jouent sur les planches comme dans la mythique scène où le tueur est assis, écoutant un morceau de musique classique sans que l'on sache si il est endormi ou non qui est à couper le souffle.

A ce propos, le réalisateur nous raconte une anecdote assez marrante à propos du clef qu'il a fallut grossir pour les besoins d'un plan important du film, jugez-plutôt!





2) Des Meurtres particulièrement bien mis en scène (et particulièrement violents)!

  Par essence, tout bon Slasher qui se respecte possède son lot de meurtres.
L'un des points les plus importants pour l'auteur est  de parvenir à innover, effrayer et/ou séduire grâce à ces derniers afin que le spectateur se souvienne de son film (Un top 10 des meurtres les plus géniaux à mon sens sera programmé dans un article prochain).
En allant de lieux en lieux et d'armes en armes, Soavi nous propose une variété de mises à morts agréable d'autant que ces derniers montent en puissance à mesure que l'histoire avance.

Hache, perceuse et tronçonneuse se succèdent dans un ballet sanglant et l'on retiendra par exemple la scène dans la douche (vous avez dit Psychose?) où l'héroïne assiste, impuissante, à la violente exécution de l'une de ses camarades alors que leurs regards se croisent, épidermique séquence magnifiquement orchestrée.



"Je te trouves un peu sale, tu devrais te laver."


3) L’esthétique générale du film

Des plumes volant dans une pièce vide (ou du moins le croit-on), un jeu de lumière élégant lors d'une sanglante scène de douche ou encore une bande-son électronique avant-gardiste, l'aspect esthétique de Bloody Bird possèdent de nombreux arguments pour séduire le spectateur.

A l'image de sa théâtrale ambiance, le tout possède un lyrisme étonnant pour un film de genre et à fortiori pour un Slasher, lyrisme d'ailleurs qui rattache l’œuvre de Saovi au Giallo et à Dario Argento, le genre Italien mêlant traditionnellement horreur et onirisme poétique.



Une Chouette étreinte dont on a un peu de mal à se remettre


 Dans la mise en scène, on retrouve des éléments qu'on pourrait qualifier de "permissifs" aujourd'hui, des expérimentations que l'on ne se permettrait probablement plus.
Comme lors de ce moment charnière où la caméra effectue une longue rotation à 360 degré autour de l'héroïne jouant sur l'inquiétude provoquée par ce que l'on ne voit pas, le tout est du meilleur effet, mais provoque une certaine cassure dans le rythme, c'est à la fois efficace et audacieux.

Vous l'aurez compris il s'agit là d'un vrai coup de cœur que j'ai eu, j’espère que vous prendrez le temps de le voir ainsi que d’apprécier le remake de Maniac, dans les deux cas, ça vaut le coup d’œil.


[Selection Musicale] Hiver 2012/2013

http://www.mixcloud.com/Epoque/dj-epoque-selection-hiver-20122013/

Voici le lien vers ma sélection musicale de cet hiver, vous pourriez y découvrir de chouettes choses donc je vous le met ici, bonne écoute!

La Tracklist:



Exhibition - Dernière Volonté
The Killing Moon - Echo & The Bunnymen
Bernadette - Iamx
Direct Lines - The Electronic Circus
Oblivion - Grimes
Next Resurrection - Kap Bambino
Dark Allies - Light Asylum
She Will (Feat Drake) - Lil Wayne
Ghetto Symphony feat. Gunplay & A$ap Ferg - A$ap Rocky
I waited For Ya - Ma Public Therapy
Different Pulses - Asaf Avidn
Dressed for Space - Trust
Rigas lelas Bluz - Oyaarss
Paradise Circus (Gui Boratto Remix) - Massive Attack
Domino - Oxia





mercredi 6 février 2013

[Missive] Etre un Artiste.


Etre un artiste.


Etre un artiste ce n'est pas se mettre en valeur, 
c'est livrer son âme, c'est décider un soir, en un souffle, d'offrir une parcelle de liberté au monde, c'est subir sans maudire, c'est créer sans mot dire, c'est détruire sans ôter, c'est pleurer sans se mouiller, c'est empoigner sans froisser, déconstruire et se projeter.
Etre un artiste c'est façonner avec la chair de ses pairs, recevoir une main tendue, la choyer, l'honorer, c'est glorifier les siens, s'émerveiller de leur compréhension, c'est se surpasser pour les surprendre, leur apporter ce qu'il ne soupçonnaient pas attendre, c'est s'adresser intimement à chacun de ses récepteurs, c'est accompagner leurs joies et entendre leurs peurs.
Artistes, Craignez de ne pas être lu, écouté, entendu, craignez ne pas être compris, peut-être est-ce vrai, peut-être ne le serez-vous jamais, peut-être tout ceci est-il vain, peut-être ne sommes-nous que poussière mais fier est l'art quand sa nudité entière.
Rien n'est plus précieux que ce dernier, rien ne le sera jamais car ces liens qui nous unissent, qui nous façonnent en sont gorgés, emplis, témoins de nos aventures, l'art s'égare, l'art nous toise, mais jamais n'abandonne et sans cesse renouvelle, l'artiste témoigne, il joint ses mains et murmure à l'oreille, être un artiste c'est glorifier l'amour de l'autre, y compris l'amour du pareil.
Artiste, cette courte missive est tienne, fais-en ce que tu désires, froisse la si elle ne trouve de résonance à tes oreilles, brule-la si blasphèmes tu y trouves, mais ne cesse jamais d'offrir, car c'est ce qu'un artiste possède et doit transmettre,
Un Don.


mardi 22 janvier 2013

(Cinema) Les Deux Films de SF de 2012.



"Nul ne perd ses vers, car chacun à ses vers à soie!" 

(Sangoku à Maitre Kaïo - Dragon Ball - Tome 18)



Avant de vous parler des choses dont je voulais vous faire part aujourd'hui, je tenais à vous souhaiter à tous une excellente année 2013!
Je vous souhaite de découvrir toujours plus de choses, d'être touché(e) par des oeuvres, surpris(e), enthousiasmé(e)s, marqué(e)s.

Cet article va s'articuler autours d'un comparatif plus ou moins habile entre les deux films de Science-fiction que l'on doit, je pense, retenir de l'année 2012.


"Science sans fiction n'est que ruine de l'âme"

Et c'est sur cette citation de Daniel de Roulet que j'entame cette première rubrique de l'année pour vous parler de deux longs-métrages sortis l'année dernière, Looper de l'américain Rian Johnson et l'ibérique Eva de Keike Maillo .
Si les deux réalisateurs ont sensiblement le même âge ( respectivement 39 et 37 ans) et sont donc relativement jeune, ils n'ont en revanche pas le même statut.
Revelé avec l'entêtant Brick (que je vous recommande chaudement) sorti en 2006, Rian Johnson confirme avec Looper qu'il est un réalisateur sur lequel il faut compter là où Keike Maillo nous gratifie de son tout premier film.





 Les deux longs-métrages n'ont bien entendu pas la même ambition, Looper, avec son casting alléchant et son pitch presque vulgaire tant il semble efficace compte bien gagner le titre de meilleur film de science-fiction de l'année 2012 à grand coups de cascades et d'un cahier des charges américanisant au possible.
Eva en revanche, oscille dans la forme entre série B et premier film ambitieux, mais timide.


 Bien sûr, ayant vu Brick au cinéma à sa sortie, j'avais confiance, je savais que, même avec des obligations de productions, Looper ne pourrait pas être un mauvais film, certains réalisateurs parvenant à s'émanciper des directives imposés par Holy *shit* Wood, j'en attendais beaucoup.
Du coup, difficile de ne pas être déçu, car, même si l'on est loin du film d'action aromatisé SF de bas-étage comme on a pu en voir en 2012 (au hasard, Battleship ou Lock Out), on échappe pas à certains travers du genre qui agacent, voir irritent.

 
(Looper tir, mais fait-il mouche?)

Par exemple, (ALERTE SPOILER /on) lorsque ce cher Bruce Willis décide que la meilleure solution à son problème de vagabondage dans le temps est de dégommer toute la bande de mafieux en mitraillant ces derniers avec un P90 dans chaque main on ne peut s'empêcher de tilter.
Nul besoin d'avoir eu 18 en physique au Bac pour savoir que le recul engrangé par ces deux pétoires limite considérablement la possibilité de voir un jour une telle séquence dans la vie qu'elle est la vraie.
"Mais... on s'en fout non?" me direz-vous, et vous auriez parfaitement raison si le parti pris du film était de proposer un divertissement d'action de qualité, sans prise de tête.
Le problème, c'est que justement, ce n'est pas le cas, Looper est un poil prise de tête et du coup, ces écarts "grand spectacle" sont nettement moins pardonnables. (ALERTE SPOILER /off).


Je vous l'accorde, on avait pas revu ça depuis les années 90


En réalité, et c'est parfois le problème avec les réalisateurs "généreux", Looper oscille entre plusieurs genres, sans jamais réussir à trouver une homogénéité qui le rendrait agréable de bout en bout.
Les scènes d'actions manquent d'impact alors que les phases de dialogues supposés nous en apprendre plus sur la psychologie des protagonistes sont en revanche assez réussis, mention spéciale à la rencontre entre Bruce Willis et  Joseph Gordon-Levitt (qui sont la même personne mais issus de deux époques différentes) qui est un exemple de finesse dans l'écriture et dans l'interprétation.

Et de chouettes scènes comme cette dernière, Looper n'en est pas avare, c'est d'autant plus dommage qu'il se perde par moment et que sa fin soit quelque peu balbutiante, voir bancale.
Pour autant c'est un film à voir, relativement bien joué, joli (même si les effets de "flare" permanents agacent) et puis, il faut bien lui accorder ça, novateur dans certains domaines.

"Des fois, je me demande si je ne suis pas déjà morte et si ce que j'appelle "moi" n'est en fait qu'une personnalité artificielle faite d'un corps mécanique et d'un cyber-cerveau".
 Ghost in the Shell, tome 1 (1991)

Novateur, Eva l'est aussi sur de nombreux points.
Tout d'abord, comme je le précise plus haut, c'est un premier film, plein d'entrain et de finesse à la fois.
Porté par un acteur tout-terrain, Daniel Brühl (que vous avez pu voir incarner le "gentil" nazi amoureux de Mélanie Laurent dans Inglorious Basterds) dont le talent n'a d'égal que le nombre de langues qu'il maitrise, le film propose une progression lente mais pas ennuyeuse, contemplative mais ne versant jamais dans l'auto-suffisance.

La brillante Claudia Vega incarne la non moins brillante Eva.


L'histoire en elle même  n'est pas très originale, un scientifique retourne dans la ville où il a étudié pour travailler sur un prototype de robot plus humain que l'humain avec tout ce que cela implique d'un point de vue émotionnel. En revanche, le nombre de bonnes idées qui s'invitent au gré de l'histoire est tel qu'on suit le tout avec un plaisir sans cesse renouvelé.
Je ne suis pas un grand fan des images de synthèses, plutôt un partisan des bons vieux trucages et effets plastiques du cinéma d'autrefois mais je dois reconnaître que dans ce film, le tout fonctionne de façon particulièrement homogène,j'accorderais d'ailleurs une mention spéciale à la sculpture numérique supposé illustrer la psyché du robot, d'une rare élégance.


Le créateur face au "cerveau" du robot.

 Un élément non-négligeable du film est la présence au casting de Lluis Homar (que les fans de Pedro Almodovar connaisse forcément) dans le rôle d'un vieil androïde, Max.
Déjà, ce personnage inclus une des idées les plus géniales du long-métrage, la possibilité pour un robot de pouvoir gérer son niveau d'émotivité, avec un acteur de cette trempe, le rendu, sans aucun effet spécial (si ce n'est au niveau sonore) est complètement bluffant.

Et puis, la jeune Claudia Vega (des centaines d'enfants furent "Castés" avant que l'on ne trouve LA Eva) est vraiment très bien, sa relation particulière avec le héros est puissante, vive, on y croit et c'est une bonne chose, dans le fantastique, que le spectateur croit à ce qu'il voit.

Si l'on devait reprocher des choses à Eva, c'est peut-être de manquer un poil de prise de risques, durant la dernière partie du film notamment, on aurait peut-être voulu une fin plus marquant, plus choquante que celle choisis par le scénariste qui est, sans être dénué d'émotion, un peu plus quelconque que ce que l'on espérait.

Mais Eva reste pour moi LE film de Science-fiction de l'année 2012, un joli flocon de neige, échappé d'un monde de douceur et d'amour du cinéma, à l'image de ce mignonesque chat-robot, qui accompagne le héros durant tout le film, à voir.

On se retrouve bientôt pour d'autres commentaires de bons films, d'ici là, portez-vous bien!




Moi aussi je veux un robot-chat!